Cédric Aurelle

Les vidéos de Christine de la Garenne (2007)

Christine de la Garenne réalise un corpus de vidéos dans lequel elle interroge la frontière autour de laquelle s´articulent et s´interpénètrent les notions de réalité, de projection et de représentation. Puisant dans le réel des référents a priori incontestables, elle les agrandit, les distord, les déforme par l´artifice de la caméra et du numérique. Là où Walter Benjamin voyait dans la caméra, par le truchement du ralenti et du gros plan, un opérateur de réalité, Christine de la Garenne l´utilise jusqu´à mettre en crise cette réalité et faire du doute le principe de notre relation aux images. En retravaillant le son et en utilisant les effets de loop propres à la vidéo, elle contribue à détourner le sens affecté a priori aux images et à en dévoiler les clichés intrinsèques, en mettant en évidence les projections mentales dont ils sont les fruits. En évacuant le principe référentiel de ces images, Christine de la Garenne renvoie finalement le spectateur à lui-même et réduit l´image vidéo à son essence, à savoir un espace de projection, faisant du mirage le principe métaphorique de notre relation au monde. Ce que vous voyez n´est pas ce que vous voyez, mais ce que vous projetez.
 
Christine de la Garenne has created a body of video installations, in which she questions the borders between the concept of reality, its representation and projection. Her observations are based on a priori undisputable parameters that she distorts, manipulates and deforms through the effects of the camera and the digital. Where Walter Benjamin describes the camera -through slow motion and close-ups- as an operator of the real, Christine de la Garenne uses these same techniques  to bring reality into question  and to introduce doubt to define our relationship to the images.  With use of sound editing and videoloops, she alienates the meaning assigned prior to the images. Instead, the intrinsic images appear behind the inherent clichés, and the mental projections of which they are the fruit are highlighted.. These pictures are no longer subject to a referential principle. Christine de la Garenne refers the viewer to himself and ultimately reduces the video to its essential characteristic: namely a projection space in which the mirage is the metaphor of our relationship to the world: what you see is not what you see but what you project.
 
Christine de la Garenne hat einen Korpus von Videoarbeiten geschaffen, in dem sie die Grenze befragt, an der sich die Begriffe Realität, Projektion und Repräsentation artikulieren und durchdringen. Sie schöpft aus dem Realen a priori unstrittiger Referenten, vergrößert sie, verzerrt und deformiert sie durch die Effekte der Kamera und des Digitalen. Da wo Walter Benjamin in der Kamera (durch Zeitlupe und Großaufnahme) einen Operator des Realen sah, gebraucht Christine de la Garenne diese Mittel, um Realität in Frage zu stellen und aus dem Zweifel das Prinzip unserer Beziehung zu den Bildern zu machen. Durch die Bearbeitung des Tons und den Gebrauch der dem Video eigenen Loop- Effekte gelingt es ihr, den Sinn, der den Bildern zugeschrieben ist, zu entfremden. Sie deckt die den Bildern innewohnenden Klischees auf, indem sie die Vorstellungen, deren Früchte sie sind, sichtbar macht. Diese Bilder unterliegen keinem referenziellen Prinzip mehr. Christine de la Garenne verweist den Betrachter letztlich auf ihn selbst und reduziert das Videobild auf sein Wesentliches, d.h. einen Projektionsraum, in dem die Luftspiegelung das metaphorische Prinzip unserer Beziehung zur Welt ist. Das was Sie sehen ist nicht das, was Sie sehen, sondern das, was Sie projizieren.